Planète ics

25/06/2017

X comme 10 ou X pour porno?

J'écris ics, car dans « planète X » le X n'est pas un chiffre romain signifiant 10, mais correspond à ce symbole, tracé éventuellement tout de traviole, par lequel les analphabètes signaient les actes notariés ; ou éventuellement au X de X-files, pour nous comprendre, mais qui n'a rien à voir avec celui du monde du X. Il faut bien faire la différence entre le monde du porno et l'astronomie, car cela pourrait également prêter à confusion : fut un temps, bien avant que les scientifiques n'attribuent ce X à une planète hypothétique, il y avait en bas de chez moi une boutique qui vendait tout à la fois des vidéos pornos et des jouets de toute sorte ; godemichets, gode-ceintures, poupées gonflables, fouets, menottes, et ainsi de suite. Eh bien, figurez-vous que la boutique s'appelait « Planète X ». Quand vous pensez, en plus, qu'il existe des films pornos intitulés X-filles, la confusion entre cul, extraterrestres et astronomie risque d'être complète.

D'autre part, si on pense X comme 10 on se prend aussitôt les pieds dans le tapis, car la planète ics serait éventuellement la numéro 9 du système solaire. Qui plus est on fait aujourd'hui bel et bien l'hypothèse d'une planète 10, sans avoir confirmé l'existence de la planète 9. Franchement, la confusion est totale : on pourrait se retrouver à passer tout à trac à un système solaire de dix planètes avec cependant un trou à l'endroit de la neuvième planète. Et moi qui croyait que la science n'était que rigueur et méthode !

Venons-en alors à la planète ics. Ics comme inconnue, sans connotations exogènes, ok?

Comme pour la méthode employée avec Uranus, on suppose l'existence de cette nouvelle boule à partir de certaines anomalies enregistrées dans les orbites d'autres objets qui se trouvent, dans ce cas, au-delà de Neptune (on dit transnptuniens dans les vernissages, ça fait pro). Six d'entre ces corps, en particulier, ont attiré l'attention des astronomes : leurs chemins orbitaux sont tellement étranges que la configuration d'ensemble ne semble pas être le fruit d'un simple hasard. C'est ainsi que l'on a imaginé un corps massif au centre de ces orbites absconses : il permettrait à lui seul de les expliquer d'un seul coup par sa présence. Voici une image que j'ai piquée au site Futura Sciences.

"Mais quoi," diras-tu, lecteur : "on parle d'une gigantesque boule qui n'aurait toujours pas observée par nos télescopes ? C'est quoi encore que ce barouf ! On sonde le moindre quart de poil d'un quasar qui se trouve à la limite de l'univers observable et on est infoutus de repérer une planète à côté de chez nous ? Diable, mais que foutent, du matin au soir, les astronomes, pendant que nous on bosse ?"

D'abord tu aurais raison sur la boule en supposant qu'elle est grosse ; on la définit d'ailleurs « planète géante » ; et on estime qu'elle aurait une taille semblable à celle de Neptune et serait donc environ 17 fois plus massive que la terre.

Par ailleurs, à décharge des astronomes et de leurs télescopes, elle se tapirait quand même dans l'ombre lointaine de la grande banlieue du système solaire, qui plus est sur une orbite passablement de traviole, euh... je veux dire excentrique : son périhélie serait de 200 UA (1UA = distance terre-Soleil) et son aphélie entre 600 et 1200 UA. Avoue, ça fait super loin. Il suffit d'imaginer que la planète la plus lointaine connue aujourd'hui, Neptune herself, n'est qu'à 30 UA.

Par ailleurs la lenteur de la grosse boule ics serait tout à fait exaspérante. Comme tu le sais depuis la maternelle, la vitesse de révolution des planètes, régie par l'une des lois de Képler, est proportionnelle à sa proximité au Soleil. Aussi Mercure, qui est tout à côté de l'astre du jour, tournoie comme une folle, et en somme son année ne dure que 87 jours. Neptune, la planète la plus lointaine que nous connaissons, met en revanche quelque 164 ans pour faire le tour du Soleil. Or la planète ics qu'il faudra chercher avec vos télescopes, aurait une période orbitale de 10.000 à 20.000 ans ! Difficile de repérer son mouvement, pas vrai ?

Ps. Cette nuit, devant vos engins d'observation du ciel nocturne, cherchez plutôt dans le plan de la Voie Lactée, car il est beaucoup plus facile qu'une planète se planque par-là, où la luminosité ambiante suffit à la protéger des regards indiscrets...

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